Nous avons vu précédemment Comment un être doté de raison peut-il encore croire en Dieu à notre époque et que ce réflexe était loin d’être contraire à la raison humaine ; que certaines Questions cruciales comme « quel est le sens de la vie ? » et « qu’y a-t-il après la mort ? » restaient sans réponse, aussi bien pour les scientifiques que pour les philosophes - ceux qui sont honnêtes parmi eux - car elles relèvent d’un domaine que l’homme n’est pas en mesure d’expérimenter. Concrètement, Seul Celui qui a créé l’homme connait l’objectif de sa création et comment celui-ci doit gérer son existence afin d’être agréé par Lui. Tout comme Lui Seul connait l’issue de la vie ainsi que ce qui se passe après la mort. Ces informations, qui resteraient inaccessibles sans Son intervention, Il a choisi des hommes afin qu’elles soient transmises à l’humanité. Les hommes chargés de cette responsabilité sont ceux que les différentes religions nomment Prophètes et Messagers.[1]
Si un homme venait te
voir aujourd’hui en prétendant être envoyé par Dieu pour guider l’humanité, le
plus élémentaire de tes droits serait de lui demander une preuve de ce qu’il
avance. S’il te donnait une preuve convaincante, son droit serait alors que tu
le considères comme tel et que tu le suives vers ce à quoi il t’appelle. Bien
évidemment, pour pouvoir te convaincre, il faudrait que cet homme soit en
mesure d’accomplir une chose impossible à faire pour ses semblables. Cette
action hors du commun qui lui est permise de faire et qui prouve la véracité de
ce qu’il prétend être, c’est ce qu’on appelle un miracle.
Ainsi, et pour ne
parler que des plus connus des Prophètes et Messagers, lorsque Abraham -
sur lui la bénédiction et la paix - fut jeté dans le feu par son
peuple pour l’avoir invité à délaisser les idoles et à n’adorer qu’Un Seul et
Unique Dieu, le feu ne lui fit aucun mal et il en sortit indemne. Cet
événement, défiant toutes les lois de la physique, fut considéré comme un
miracle ainsi qu’une preuve sans appel. De même, lorsque Moïse - sur lui
la bénédiction et la paix - a été envoyé à son peuple, il lui a été
demandé d’apporter les preuves de sa prophétie. A son époque, les gens étaient
subjugués par la magie et les magiciens. Il lui fut donc accordé des miracles
qui révélèrent l’impuissance des plus habiles des magiciens de son temps, alors
qu’il n’en faisait pas partie, et eux-mêmes reconnurent que seul un envoyé de
Dieu était capable de ce qu’il avait accompli devant leurs yeux. C’est ce qu’on
appelle un miracle. Et les preuves furent décisives.
Lorsque Jésus fils de
Marie - sur lui la bénédiction et la paix - fut envoyé aux enfants
d’Israël, il soigna les lépreux, chose impossible pour les plus compétents des
médecins de son époque. Il fut aussi en mesure d’informer les gens au sujet de
leurs affaires personnelles entreposées chez-eux et dont personne n’avait
connaissance à part les intéressés. Par-dessus tout, il redonna la vie à
certains morts, par la permission de Celui qui l’avait envoyé [2]. Et tous les événements cités précédemment sont bien connus des croyants des religions qu’ils
concernent.
Pour résumer, depuis
que l’homme peuple la terre, des guides lui ont été envoyés. Leur message
informait ceux à qui il était destiné du sens de leur présence sur terre, de ce
qu’ils avaient à y accomplir et comment ils devaient s’y prendre afin d’obtenir
l’agrément de leur Créateur. Selon l’époque, le lieu et l’avancée de la
civilisation des destinataires, ce message se faisait de plus en plus précis du
point de vue des lois qu’il contenait. Cependant, il restait identique
concernant le fait qu’ils devaient adorer leur Créateur – un Dieu Unique – sans
jamais rien Lui associer, de quelque manière que ce soit. Ainsi, certains
peuples eurent plusieurs Prophètes et Messagers, d’autres un seul. Mais, quoi
qu’il en soit, tous eurent accès d’une manière ou d’une autre à la guidée
divine. Ensuite, lorsque l’humanité fut assez mature pour recevoir un
message complet, englobant tous les aspects de sa vie, le dernier des guides
lui fut envoyé. Parmi les caractéristiques de ce Prophète, le fait qu’il fut
envoyé à l’humanité toute entière et, afin que son message soit en mesure de
traverser les époques, qu’il fut doté d’un miracle particulier dont nous
reparlerons ultérieurement.
A ce stade de la
discussion, une personne sensée est en droit de nous réfuter en
disant : « Désolé, ton discours ne tient pas la route !
Tu utilises dans ton argumentation des histoires auxquelles je ne crois pas.
Or, si j’y croyais, j’adopterais l’une des religions prêchées par ceux dont tu
viens d’énoncer l’histoire ».
Cette remarque
pertinente apporte d’elle-même des éléments de réponse supplémentaires à la
question initiale qui nous a été posée. En effet, rien n’oblige une personne
sensée à croire en un miracle qu’elle n’a pas vu. Et, hormis le cas où
l’information lui serait transmise par une personne qu’elle estime
définitivement digne de confiance, elle est en droit de la refuser.
Ici apparaît la limite
de la portée de ce que nous avons précédemment appelé un miracle. En effet,
admettons qu’un homme prétendant être envoyé par Dieu pour guider l’humanité
t’apporte une preuve convaincante de ce qu’il avance, tu croiras en lui et accepteras
de vivre selon ses préceptes. Et il en sera de même pour toutes les personnes
honnêtes qui auront assisté à la réalisation de son miracle. Ensuite,
s’ajouteront à ses partisans des gens qui n’auront pas vu le miracle en
question mais qui te considèreront toi, ou les autres témoins des faits, comme
des personnes dignes de confiance. Vous formerez ainsi une communauté alignée
derrière le message d’un Prophète. Ensuite, les générations se succédant, ceux
qui avaient assisté au miracle auront disparu et les gens se diviseront en
trois catégories. Ceux qui croient parce qu'ils ont confiance en ce qui leur a
été légué par leurs prédécesseurs, ceux qui croient par conformisme en suivant
ce sur quoi ils ont été élevés sans se poser trop de question, et ceux qui
rejettent ces croyances en bloc les considérant comme des « légendes
rapportées des anciens ». C’est de ce dernier groupe dont fait partie la
personne sensée qui m’a interrompu dans ma démonstration avançant le fait
qu’elle ne croyait pas en ces histoires dont je me sers pour argumenter.
Convenons de
considérer ce qui suit comme un « cycle de la prophétie ». Lorsque
l’homme est envoyé par Dieu à l’humanité, Il lui accorde d’accomplir des
miracles. Ceux qui assistent à la réalisation de ses miracles croient en lui en
tant que messager de Dieu et il en va de même pour tous ceux qui les
considèrent comme dignes de confiance. Une communauté se forme autour de ce Prophète
qui enseigne aux gens le sens de leur vie ainsi que la façon dont ils doivent
la mener afin que Celui qui les a créés soit Satisfait d’eux. C’est l’ensemble
de ces enseignements que l’on appelle communément « religion ». Puis,
les générations se succèdent. N'ayant pas vocation à agir jusqu'à la fin des
temps, l’impact des miracles se dissipe et ce qui fut considéré comme une
preuve décisive de l'authenticité du message en son temps devient une
« légende rapportée des anciens » à laquelle on n’accorde plus ou
très peu d’importance. Les enseignements laissés par le Prophète sont
délaissés, altérés, perdus ou encore modifiés par maladresse ou pour des
intérêts mondains. Quels qu’ils soient, les gens s’éloignent de fait de la
religion. Soit en la délaissant, soit en s'accrochant à ce qui n'est plus que
sa pâle copie. De là, bien qu’un éclat de lumière l’ait éclairée l’ombre
d’un instant, l’humanité se tourne à nouveau vers le scepticisme et, éloignée
de la guidée divine, ses questionnements quant à la raison de sa présence sur
terre refont surface. Accomplissant ainsi ce que l’on a convenu d’appeler un
cycle de la prophétie.
Suite à cet état, un
nouveau Prophète est envoyé. Il vient rétablir ce qui a été altéré du message
de son prédécesseur, le purifier de ce qui y a été ajouté et l’enrichir de ce
que Dieu aura voulu. Par cette action, la religion précédente est abrogée et
c’est le dernier message apporté qui entre en application. Cependant, à
l’avènement de ce nouveau prophète, certains prétendus partisans de son
prédécesseur refuseront, pour différentes raisons, de le suivre et resteront
sur leur religion. Bien qu’elle soit alors abrogée.
Par exemple, lorsque
Jésus fils de Marie - sur lui la bénédiction et la paix - a été
envoyé aux enfants d’Israël, certains d’entre eux ont refusé de le suivre. Ils
prétendaient suivre Moïse - sur lui la bénédiction et la paix - et
rester sur la religion apportée par celui-ci. De là, une communauté censée être
unique s’est scindée en deux. D’un côté les juifs, de l’autre côté les
chrétiens. Or, les derniers commandements divins accessibles à cette époque
étant avec Jésus fils de Marie - sur lui la bénédiction et la paix -, il
était le seul, à ce moment précis, en droit d’être suivi. De même, lorsque le Prophète
Muhammad - sur lui la bénédiction et la paix - a été envoyé à
l’humanité toute entière, certains juifs et certains chrétiens ont refusé de
croire en lui. Ils prétendaient suivre leurs Prophètes respectifs et rester sur
la religion de ceux-ci. Or, les derniers commandements divins accessibles
depuis cette époque étant avec le Prophète Muhammad - sur lui la
bénédiction et la paix -, il était le seul en droit d’être suivi à ce jour. Il
a d’ailleurs dit à l’un de ses Compagnons venu le trouver avec en sa possession
un écrit qu’il trouva chez les gens du Livre : « Si Moïse - sur lui
la bénédiction et la paix - était vivant, il n’aurait pas eu d’autre choix que
celui de me suivre ! » étant le dernier des Prophètes et messagers, il en
sera ainsi jusqu’à la fin des temps.
* * *
Bien que l’on puisse
parfois avoir l’impression que plusieurs religions coexistent, il n’en est
rien. La réalité est qu’une seule d’entre elles est agréée par Dieu et que les
autres sont abrogées. Ceux qui refusent de délaisser une religion qui s’avère
être abrogée le font soit parce qu’ils n’ont pas connaissance de ce fait [3], soit parce que c’est une
étape qui leur semble difficile à surmonter, insurmontable [4] ou encore parce qu’ils
pratiquent leur religion d’une façon conformiste, sans trop de conviction
et, de ce fait, sans se poser trop de questions. D’autres raisons sont
envisageables mais, même si loin d’être inintéressantes, elles sortent du cadre
de cet écrit.
Après s’être posé la
question de la création, puis celle du sens de la vie, puis après avoir reconnu
la nécessité d’une révélation divine informant l’humanité au sujet des
questions restées sans réponses, chacun se doit de regarder objectivement ce
sur quoi repose sa religion ou celles qu’on lui propose ici et là et de se
questionner. « Sur quoi repose ma conviction que ma religion est la
bonne ? », « Ai-je réellement réfléchi à ce
sujet ? », « Quels sont mes arguments ?» Nous
avons vu dans le cycle de la prophétie que le Créateur appuyait Ses messagers
et leur accordait des preuves incontestables en mesure de convaincre. La vraie
question est donc : « Y’a-t-il une religion qui puisse encore,
de nos jours, se targuer d’être de source divine et de disposer de preuves
à ce sujet ? »
Si c’est le cas, son
droit le plus élémentaire est que l’on y adhère.
[1]
L’article qui suit
résume, d’une manière simple et accessible, le cycle de la prophétie tel
qu’exposé dans les textes en Islam ainsi que ce en quoi nous croyons, en tant
que musulmans, à ce sujet.
[2]
C’est notamment à cause d’une mauvaise interprétation des miracles qui lui ont
été donnés de faire que certains se sont mis à adorer Jésus fils de
Marie - sur lui la bénédiction et la paix -. Or, à l’origine, ces
miracles n’étaient que des signes destinés à prouver sa prophétie. Jésus
fils de Marie n’est pas Dieu, mais l’un de Ses serviteurs et messagers.
[3] L’ignorance des faits peut être
« simple », comme pour la personne n’ayant jamais entendu parler
d’une autre religion que la sienne, ou celle qui s’est posé des questions mais
n’a pas eu l’occasion de rencontrer quelqu’un en mesure de lui répondre d’une
manière convaincante ; ou « exacerbée », comme pour la personne qui
subit une propagande médiatique sans avoir pu au préalable se donner le temps
de comparer les textes et les arguments de chacun afin de s’en faire une idée
personnelle.
[4] Par
crainte des critiques des proches, des réactions de l’entourage, de la
difficulté à changer leurs mauvaises habitudes, etc.
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